Reconnaissance des diplômes et types d’évaluation au Canada
La reconnaissance des diplômes étrangers au Canada, et en particulier ceux en provenance d’Algérie, n’est pas automatique et exige un processus d’évaluation comparative. Au Canada, il n’y a pas d’« équivalence » officielle des diplômes. On évalue plutôt leur valeur relative par rapport aux diplômes canadiens. Cette évaluation permet de déterminer à quel niveau académique canadien correspond un diplôme algérien et peut être nécessaire pour l’emploi, l’immigration, ou les études.
Types de reconnaissance :
- Pour l’emploi : Certaines entreprises peuvent exiger une évaluation comparative pour vérifier le niveau d’un diplôme. Cependant, il est fréquent que l’expérience professionnelle soit valorisée au même niveau que les diplômes.
- Pour les professions réglementées : Dans des domaines tels que la médecine, le génie et la psychologie, l’adhésion à un ordre professionnel est obligatoire, ce qui implique souvent des examens, des stages ou des formations additionnelles pour obtenir le droit d’exercer.
- Pour l’immigration : Dans le cadre de certains programmes d’immigration, comme Entrée Express, une Évaluation des Diplômes d’Études (EDE) est obligatoire. Ce document est essentiel pour l’admissibilité à certains programmes, garantissant que les compétences du candidat sont conformes aux normes canadiennes.
Les défis de la reconnaissance au Québec pour les Algériens
Les diplômés algériens font face à des défis particuliers, notamment au Québec, où leurs diplômes sont souvent non reconnus. De nombreux Algériens, malgré leurs compétences et leurs qualifications, se voient contraints d’occuper des emplois éloignés de leur domaine d’expertise, faute de pouvoir intégrer les ordres professionnels locaux. Par exemple, des ingénieurs et médecins algériens se retrouvent à travailler comme chauffeurs de taxi ou dans des commerces.
Exemple de parcours : Abderrahim Alachaher, ingénieur en génie civil, a dû renoncer à sa carrière et se reconvertir dans le commerce, faute de reconnaissance de son diplôme. Ce cas n’est pas isolé : de nombreux immigrants qualifiés optent pour des emplois autonomes ou dans des secteurs où la qualification académique n’est pas requise.
Alternatives et stratégies d’intégration professionnelle
Face aux obstacles à la reconnaissance, plusieurs Algériens envisagent des stratégies alternatives pour maximiser leurs chances d’intégration :
- Études locales : Certains immigrants choisissent de reprendre leurs études dans des institutions canadiennes pour obtenir un diplôme local. Ce choix, bien que coûteux, facilite l’insertion professionnelle. Abdenour, un étudiant en ingénierie, a choisi de poursuivre ses études au Québec en anglais, soulignant que la bilinguisme est un atout important sur le marché du travail.
- Entreprenariat et reconversion : D’autres se tournent vers l’entrepreneuriat ou des emplois autonomes. Cette option offre flexibilité et autonomie, permettant à beaucoup de rester actifs dans un domaine annexe à leur spécialité sans dépendre de la reconnaissance officielle de leur diplôme.
Processus d’obtention de l’évaluation et conseils pratiques
Pour obtenir une évaluation officielle de leurs diplômes, les Algériens peuvent faire appel à des organismes reconnus tels que le Service canadien d’évaluation de documents scolaires internationaux ou World Education Services (WES). Ces services fournissent des rapports détaillant l’équivalence approximative d’un diplôme étranger par rapport au système éducatif canadien.
Conseils pratiques pour les futurs immigrants :
- Préparation en amont : Avant de quitter l’Algérie, il est crucial pour les candidats à l’immigration de bien se renseigner sur les possibilités et conditions de reconnaissance de leur diplôme dans leur domaine au Canada. Cela inclut des recherches approfondies sur les exigences d’adhésion aux ordres professionnels, les possibilités de formation, et les certifications nécessaires.
- Planification financière : Il est recommandé de prévoir des économies, car la recherche d’emploi peut être longue, surtout dans les professions qui demandent une reconnaissance professionnelle. Les démarches peuvent inclure des stages et des formations payantes, ce qui peut engendrer des coûts supplémentaires.
Un potentiel sous-utilisé pour l’économie québécoise
La non-reconnaissance des diplômes des immigrants qualifiés, comme ceux d’Algérie, représente une perte de compétences pour le Québec et le Canada en général. Le Québec, en particulier, fait face à une pénurie dans plusieurs secteurs, et la sous-utilisation de travailleurs qualifiés limite la capacité de certaines industries à combler leurs besoins.
Certains experts suggèrent la mise en place de stages pratiques supervisés dans les hôpitaux ou les bureaux d’ingénierie pour aider les professionnels immigrants à s’intégrer plus facilement et efficacement dans le marché du travail québécois, en particulier dans les régions éloignées où la demande est élevée.
Conclusion
Bien que les diplômes algériens soient respectés et parfois valorisés, obtenir une reconnaissance professionnelle complète au Canada, et particulièrement au Québec, reste complexe et exigeant. Les Algériens désireux de s’établir professionnellement doivent anticiper ces démarches en s’informant dès leur pays d’origine, en se préparant à la possibilité de stages et de formations supplémentaires, et en explorant d’autres voies, comme l’entrepreneuriat, pour assurer leur succès et leur intégration dans leur société d’accueil.